Création automne 2024

Résidence Nomeny

Genèse du projet

Chaque saison, la Poudrerie – Scène conventionnée Art en territoire – invite des artistes à créer un spectacle autour d’une thématique, en dialogue avec les habitant·e·s de Sevran. Le thème croise singulièrement la recherche artistique de chaque compagnie. Les dialogues tissés au plus près du territoire nourrissent leur réflexion et leur projet.

La Manufacture (CDN de Nancy-Lorraine) s’associe à la Poudrerie pour proposer à Hakim Bah et Diane Chavelet, directeurs artistiques de la Cie Paupières Mobiles, de s’emparer du thème (R)évolutions, en vue de la création d’un spectacle pour la saison 2024-2025. Il se jouera “hors les murs” à Nancy pour huit dates puis chez l’habitant à Sevran pour vingt-cinq dates.

Les deux auteur.e.s, après avoir expérimenté la co-mise en scène avec La nuit porte caleçon et A bout de sueurs d’Hakim Bah, s’essaieront pour la première fois ensemble à l’écriture d’une pièce à quatre mains.

Note d’intention

Le décryptage des fluctuations du monde contemporain a toujours été au centre des réflexions de la compagnie : écouter les bruits du monde, partir à la rencontre d’inconnus qui parfois nous ressemblent, d’autres fois nous transforment, se mettre à l’écoute, entrer en relation, se laisser surprendre et partir de ces matières sensibles pour tisser les fables, scruter les failles et suivre les souffles d’un « en-commun » globalisé.  

Le thème, « (R)évolutions » invite à penser ensemble l’intime et le collectif, la petite histoire et la grande révolte, la connexion entre une communauté humaine et l’enclenchement d’une transformation politique. A Sevran, nous souhaitons ouvrir le dialogue entre les révoltés de 2005, aujourd’hui quarantenaires, et les enfants de 2005 devenus les très jeunes révoltés de 2023. Dans les deux cas, les insurrections urbaines ont été provoquées par la mort d’adolescents essayant d’échapper aux contrôles de police : Zyed Benna, Bouna Traoré en 2005, Nahel Merzouk en 2023… Autant de noms tombés dans une fracture postcoloniale, devenue en l’intervalle de dix-huit ans, un gouffre. A Nancy, nous voulons entrer au contact des grands acteurs du mouvement des Gilets Jaunes, enclenché en 2017 par la hausse des carburants. Quel impact a eu ce moment sur l’imaginaire révolutionnaire en France ? Que pensent les Gilets jaunes de 2017 des révoltes de 2005 et de 2023 ? Que pensent les révoltés de 2023 des Gilets Jaunes de 2017 ? Quels dialogues, quels liens établir entre les adolescents délaissés des banlieues parisiennes et les précaires oubliés des zones rurales ? Comment les policiers se souviennent-ils, eux, de ces trois moments marquants de l’histoire française au début du XXIe siècle ? Quels sont leurs récits, leurs questionnements, ou leurs incompréhensions, leurs colères, leurs murs ?  

2005, 2017, 2023 : trois années charnières en France pendant lesquelles des mouvements populaires et spontanés ont mis au jour les failles profondes du pays, tout en entrant en résonnance étroite avec l’état du monde occidental : les fractures postcoloniales et le fossé social, les désastres capitalistes, la catastrophe écologique. Au-delà de revendications politiques, des pulsions insurrectionnelles ont éclaté comme autant de cris de désespoir. 

Comment parler de révolution ? C’est quoi une révolution ? Un soulèvement ? Une émeute ? Un mouvement orchestré par un leader politique ? Une transformation individuelle, intime ? L’expérience d’une subjectivation ? Un phénomène cyclique organique, tellurique, cosmique ? Quels processus se cachent derrière le mot « révolution » ? D’où vient la nécessité de la révolte ? Comment s’enclenche-t-elle ? Intimement ? Collectivement ? De quels rêves d’évolution la révolution est-elle le nom ? Que reste-t-il des révoltions contemporaines ? Dans les mémoires, les récits ? Que raconter d’une révolution ? Voilà bien des questions qui vont nous accompagner pendant nos rencontres.  

Nous souhaitons partir de l’intime pour aller vers la/le politique. Interroger la violence institutionnelle en confrontant les mots et les actes et voir comment cette violence vient s’immiscer dans les familles, déchirer les tissus collectifs et les liens communautaires. Confronter des récits d’aujourd’hui et des récits d’hier, des paroles d’ici et des paroles d’ailleurs.  

Il s’agira pour nous dans un premier temps de récolter de la parole, de mener des entretiens, de fréquenter des lieux de vie, de nous fondre aux territoires, de parcourir les rues, de frapper aux portes, de flâner dans des commissariats et autour des ronds-points. A partir de la matière récoltée nous allons construire des galeries de personnages, puis une ligne dramaturgique. Nous rêvons d’un spectacle tout-terrain qui prenne la forme d’une agora, la caisse de résonnance des voix et des échos de la révolte, son processus intime, son déclenchement accidentel, ses conséquences et ses récits. La création ‘hors les murs’ du spectacle nous inspire une mise en scène ludique : détourner les objets quotidiens de leur usage premier pour créer l’univers fictionnel à partir du lieu familier, jouer sur la transformation et l’adaptation de l’espace, surprendre par des jeux de capsules sonores disséminées dans des endroits inattendus. Faire rire, faire pleurer, dialoguer, rêver ensemble aux mondes « d’après ».  

Nous imaginons trois interprètes (deux femmes, un homme) au plateau. Il faudra compter sur une équipe de trois personnes en tournée et de sept personnes pour la création.  

Toutes les interrogations qui irriguent nos temps de résidence seront, en d’autres mots, formulées à nos interlocuteurs, parfois librement, parfois dans le cas de groupes de parole sous forme de questionnaire, en prémisse aux échanges nourris avec les différents publics sollicités ou invités à débattre à l’issue des représentations. En direction des scolaires en particulier, et dans la mesure où Hakim Bah et Diane Chavelet sont aussi fréquemment pédagogues, la mise en place d’ateliers (autour du texte ou du thème, d’écriture ou d’interprétation), pourront être mis en place. 

Écriture, conception & mise en scène Hakim Bah, Diane Chavelet

Interprétation Hakim Bah, Diane Chavelet, Yasmine Modestine

Compositrice & musicienne Yasmine Modestine

Regard extérieur Sandrine Nicolas

Régie générale et lumière Simon Anquetil

Scénographie & costumes Sarah Barzic

Production Compagnie Paupières Mobiles

Coproduction Théâtre de la Poudrerie – Scène conventionnée Art en territoire de Sevran, Seine-Saint-Denis / Théâtre de la Manufacture – CDN de Nancy

Partenaires Avec le soutien du département de la Seine-Saint-Denis, de la Mairie de Nomeny, de la Communauté de Communes Seille Grand Couronné, de la SPEDIDAM, du Jeune Théâtre National

Construction du décorAtelier de décor du Théâtre de la Manufacture – CDN Nancy  

Accueil en résidenceLa Poudrerie, Ville de Nancy, Institut Goethe, Nancy, Mairie de Nomeny, Association Potentiel d’Action 

CALENDRIER DE CRÉATION

  • De janvier à septembre 2024 : rencontres et échanges avec les habitants à Sevran
  • Du 20 au 24 mai 2024 : résidence à Nancy, rencontres et échanges avec les habitants
  • Mai, juin et juillet 2024 : écriture
  • Du 23 septembre au 6 octobre 2024 : 2 semaines de création à La Poudrerie, Sevran
  • Du 14 au 28 octobre 2024 : 2 semaines de création et de répétitions à Nancy
  • Du 29 octobre au 9 novembre 2024 : 2 semaines de diffusion sur l’ensemble du territoire d’action de Nancy
  • À partir du 16 novembre 2024 jusque juin 2025 : diffusion chez l’habitant dans les alentours de La Poudrerie à Sevran