Création début 2026

Texte et mise en scène : Diane CHAVELET 

Collaboration artistique : Sandrine NICOLAS 

Création lumière : Simon ANQUETIL 

Création scénographique : en cours 

Musique : (en cours) 

Avec (en cours) 

Production : Compagnie Paupières Mobiles  

Coproduction : Théâtre Berthelot, Service culture communal de Montreuil 

Partenaires : Théâtre Berthelot, La Chartreuse-Cnes 

Le projet

J’écris pour les morts qui ne sont pas bien morts 

Kossi Efoui 

Douze est une fiction inspirée d’un féminicide commis en février 2016 à Saint-Trojan les bains, sur l’île d’Oléron. Alexia Silva Costa, lycéenne de 15 ans scolarisée au CEPMO (Centre pédagogique expérimental en Oléron), est assassinée par un de ses camarades de classe pour avoir « refusé ses avances » sur une plage proche du lycée. Le meurtrier dissimule sa dépouille dans la forêt pendant 40 jours. Christelle, la mère d’Alexia, et les habitats de l’île battent les forêts à la recherche de la jeune fille portée disparue. La police finit par retrouver le cadavre et identifie le meurtrier, après avoir retrouvé le téléphone d’Alexia et l’arme du crime dans sa chambre lors d’une perquisition. L’autopsie révèle des traces de strangulation et 27 coups de couteau sur son corps, dont douze portés après sa mort.  

Douze, par la voix d’A., rend ces coups en autant de chants. Il a été écrit à l’écoute et avec le regard de la mère de la victime, Christelle de Hert. Pierre, l’assassin d’Alexia, est sorti de prison le 12 septembre 2024. 

Malgré la pétition signée par plusieurs milliers d’Oléronais en faveur de l’ouverture du procès, ce dernier a eu lieu à huis clos en 2019, l’excuse de minorité ayant été retenue. 

Le théâtre, « lieu où l’on regarde », se fait ici l’espace d’un procès public par défaut. Dans le rituel où seul le spectateur est juge, le verdict n’a pas lieu. L’intérêt n’est donc pas de rendre justice après et en place de la justice. L’enjeu est de faire entendre la parole disparue, coupée brutalement à ses balbutiements de vie. L’enjeu est de rendre la voix d’A., la vie qui lutte contre le sang qui se répand, avec les échos d’autres voix qui formulent des prétextes, d’autres encore des excuses, d’autres encore des déchirures ou des états de sidération si forts qu’ils deviennent inaudibles. L’encadrement de ces paroles, toujours rapportées par A., sera minimal : les créations lumière, musicale et vidéo arbitreront le flux du récit.  

Au plateau, une femme interprète A., dont le prénom résonne tantôt comme un cri, tantôt comme un chant. Dans la mesure où la voix d’A. et celle de sa mère sont étroitement imbriquées dans le texte, A. interprète et donne sa voix à sa mère « depuis des entrailles ». En ce sens il n’est pas obligatoire que la comédienne soit une jeune fille, elle peut avoir « tous les âges » et cette approche nous intéresse. Les autres voix féminines (l’avocate de Pierre, la mère de Pierre, les chœurs) seront interprétées par une autre comédienne, dans la scène du procès en particulier. Au plateau, elle cherchera à cacher A., à lui couper la parole, comme on dissimule un secret. Un musicien, installé à la régie, face à la scène, mais dont le visage sera nettement éclairé, prendra en charge les personnages masculins au micro (Pierre, le père de Pierre, Beau-père, le médecin légiste) parfois allié de la victime, d’autres fois bourreau. La relation d’A. avec le musicien oscillera entre complicité et franche confrontation, en fonction des protagonistes interprétés par le musicien. Une composition originale sera créée pour le spectacle, rythmant ainsi les différents chants d’A. À cette composition se mêleront quelques reprises de morceaux électro-rock en vogue l’année 2016 — Believer de Imagine Dragon ou encore Dance Monkey de Tones and I. Ces titres remastérisés pour se fondre dans l’ambiance sonore du spectacle seront chantés/parlés en duo. Cette architecture musicale à deux voix permettra d’installer la tension dramatique dans la confrontation symbolique d’A. avec son meurtrier. 

La pièce s’articule sur un geste poétique d’A., qui la charge de puissance. Considérant que sa mort a été « volée » par Pierre, elle cherche à échapper à son emprise et au trou dans lequel il l’a enfermée, d’abord pour rejoindre le ventre de sa mère, puis la mer dans laquelle elle voulait finir ses jours. Le trou, le ventre, l’océan : trois cavités organiques, autant de métaphores de la vie et de la mort. On imagine une structure gonflable diffusant un camaïeu de rouge, qui se déplace, se meut, se gonfle et se dégonfle avec A. au fur et à mesure de ses métamorphoses posthumes. Au centre de ce placenta symbolique, l’actrice se débat, se relève, se déploie. Les douze « coups » d’A. sont rythmés par des séquences chantées et dansées au sein du halo rougeoyant. Une lumière blanche viendra encadrer les visages des autres protagonistes, parfois les décapiter, d’autres fois accompagner le corps dansant. La création audiovisuelle permettra de créer l’illusion d’une multitude de visages mobiles et atones pendant la scène du procès, ou de la démultiplication d’un seul visage pendant la scène du meurtre reconstitué par la voix de la meurtrie. 

Nous imaginons la création d’une forme théâtrale en deux temps : 

Création d’une forme légère à destination d’une tournée dans les lycées (novembre 2025— janvier 2026) et création d’une forme finale à destination des théâtres (printemps 2026).  

Tout comme l’écriture de la pièce a été ponctuée et ajustée par différentes rencontres avec Christelle de Hert, nous la concerterons pour organiser un temps de résidence et une tournée spécifique au territoire charentais (Ile d’Oléron, Rochefort, La Rochelle, Saintes). Sur ses suggestions, nous ferons alors appel à des artistes résidents sur le territoire pour la réalisation musicale et la chorégraphie. Nous solliciterons également la chorale Chant d’Oléron pour une participation au spectacle. 

 L’année 2026 marque les dix ans de la mort d’Alexia Silva Costa, meurtre qui a marqué durablement l’esprit des habitants de l’île. La tournée du spectacle s’imagine donc, à Oléron et alentour, à la fois comme un moment d’art, de mémoire et de débats autour des violences sexistes et sexuelles, de la notion de féminicide et de l’état des réponses judiciaires actuelles. Chaque représentation sera donc suivie d’une discussion avec le public. 

Calendrier de création

1er au 15 décembre 2025 : première résidence de création au Théâtre Berthelot (Montreuil)  

1er au 20 janvier 2026 : deuxième résidence de création à La Chartreuse — Cnes. 

20 au 30 janvier 2026 : création au théâtre Berthelot (4 dates) et tournée itinérante dans les lycées de la ville de Montreuil  

1er au 15 Février 2026 : deuxième résidence de création en Charente maritime avec des musiciens et chorégraphes résidents.  

Février — Juin 2026 : tournée en Charente maritime dans les lieux partenaires